Vous reconnaîtrez sur cette gravure notre plat national, le haggis, dont les Français disent tant de mal. Nous pensons à tort...
Il nous faut vous révéler d'emblée que la viande de ce plat traditionnel, aux goûts si... intenses, dirons-nous, (doux euphémisme !), nous vient d'un animal extrêmement discret et difficile à attraper, le haggis sauvage des Highlands, (en langue savante : Haggis scoticus), dont les petits se nomment "wee yins".
Les techniques de la chasse au haggis, transmises au sein des clans de génération en génération, sont jalousement gardées. Il faut être dans des dispositions particulières - comprenez avoir bu quelques verres de scotch - les soirs de pleine lune pour pouvoir le surprendre s'abreuvant aux sources de whisky. Parfois, vous pouvez l'entendre au loin. Son cri ressemble à s'y méprendre à celui de la cornemuse. Mieux, il en serait à l’origine. Le son caractéristique lorsque l'instrument se remplit d'air avant que le musicien ne commence à jouer imite parfaitement le cri de l'animal. Les historiens ont émis l'hypothèse tout à fait sérieuse que la cornemuse a été inventée pour la chasse au haggis. En effet, lorsqu'il se sent menacé par un prédateur, l'animal appelle ses congénères à l'aide en poussant des cris.
Certaines personnes ont cru devoir faire d'audacieux rapprochements zoologiques avec le dahu. Il est vrai que ces deux animaux mythiques sont cousins. Mais le haggis sauvage est une espèce endémique écossaise alors que le dahu se rencontre dans les montagnes du continent, en particulier dans les Alpes.
Comme le dahu, le haggis sauvage a deux pattes plus courtes que les deux autres. L'animal, bon nageur afin d'échapper à ses prédateurs (les Loch où il peut se réfugier ne manquent pas), s'est adapté à la course dans les Highlands. Du fait de la différence de taille de ses pattes, il ne peut galoper que dans le sens des aiguilles d'une montre autour de la montagne, ou inversement selon le côté le plus court si bien que quelques malins prétendent qu'il suffirait de courir en sens inverse pour pouvoir le capturer, ce qui est bien évidemment plus facile à dire qu'à faire.
La morale de cette histoire ? Si vous y croyez, rassurez-vous, un tiers des touristes américains qui visitent l'Écosse y croient également et 23% s'imaginent pouvoir en capturer un, un jour (selon un sondage du Guardian paru le 27 novembre 2003) !
Pour finir, un grand merci à Gabriel d'http://ekko-com.com/ pour cette gravure qui nous offrira l'occasion de rétablir l'honneur de ce mets si délicat et si injustement moqué par Jacques Bodoin dans un sketch truffé de calomnies, sketch qui, nous le confessons, nous fait toujours autant rire (l'humour et l'autodérision ne sont pas les moindres de nos qualités à nous autres Écossais !).
Pour ceux qui ne connaissent pas cette saynète, vous pouvez la visionner en cliquant sur le lien ci-dessous. C'est très drôle, plein d'humour, mais n'en croyez pas un mot (!) :
Voilà au moins un Français* qui a le goût sûr! 😂
*Jacques Bodoin.